Communiqué de presse : L’ANPDE et les infirmières (iers) puéricultrices (teurs) dénoncent les propos rétrogrades tenus par le Professeur Olivier Claris lors de son intervention au Sénat
Paris, le 23 février 2021 – L’intervention du Professeur Claris lors de sa prise de parole au Sénat le 03 février dernier, dans le cadre de la commission sur la gouvernance et la simplification hospitalières, n’aura pas manqué de faire réagir l’ANPDE et l’ensemble de la profession tant les propos tenus sont irrespectueux à l’endroit des Infirmières(iers) Puéricultrices(teurs) Diplômé(e)s d’État (IDPE) et de leurs compétences. Des propos qui semblent tout droit sortis d’une époque que l’histoire récente de notre système de santé semblait nous faire croire comme révolu. Un raisonnement qui considère que les qualités personnelles sont plus importantes que les compétences spécifiques acquises lors de la formation et leurs reconnaissances à travers la validation d’un diplôme ! Une vision dépassée qui ne permettra jamais de rendre plus efficient notre système de santé.
Une profession sidérée…
Le 3 février, en séance publique au Sénat, le Pr Claris s’exprimait sur la présence d’IPDE dans les services de néonatalogie en ces termes « Je travaille en pédiatrie : j'ai des infirmières et des infirmières puéricultrices. Je pense que la qualité de la personne est plus importante que son titre ou son diplôme. […] En réanimation néonatale et en réanimation pédiatrique, il n'y a pas de plus-value, sauf sur certains points, mais une infirmière compétente peut aussi convenir ». Les infirmières puéricultrices souhaitent exprimer leur profond désaccord sur ces propos qui ternissent l’image d’une spécialité mais plus largement de la profession infirmière.
Non, les compétences infirmières ne se limitent pas aux qualités personnelles !
Oui, les diplômes et compétences acquises en formation ont leur importance ! Le temps des nonnes est révolu !
Non, nous ne sommes pas VOS infirmières ! « j’ai des infirmières et des infirmières puéricultrices» traduit clairement une vision archaïque de notre profession.
Nous invitons le Pr. Claris à découvrir le contenu de la formation IPDE. Celui-ci traite en effet pour une grande partie de l’année, de la néonatalogie.
Aujourd’hui, nous sommes limités par un champ de compétences réglementaire ne correspondant plus au contenu de notre formation et à la réalité du terrain. Pour cela, nous revendiquons depuis plus de 10 ans, une réforme qui n’est toujours pas à l’ordre des priorités gouvernementales.
Rappelons que la spécialisation permet d’acquérir de nombreuses connaissances et compétences sur la prise en soin d’un enfant, qui ne se limitent pas à « la qualité humaine ».
A quand les médecins généralistes en service de réanimation néonatale et pédiatrique ?
Si « la qualité de la personne est plus importante que son titre ou son diplôme, » pourquoi ne pas prendre des médecins généralistes en service de réanimation néonatale et pédiatrique ? Devrions-nous recruter les néonatologistes sur un test de personnalité ? Si la question se pose pour les infirmiers, cela dénote une vision de petites mains exécutrices, bien loin de la réalité.
M. Olivier Véran, de nouveau au Sénat le 17 février, déclarait en comparant infirmiers spécialisés et de pratique avancée : « Les infirmiers spécialisés, eux, sont organisés par spécialité médicale comme les IBODE, les IADE, etc… […] Les infirmiers de pratique avancée ont vocation à avoir des missions qui sont transversales, consultation, interventions dans des structures très variées, qui ne sont pas directement liées à une spécialité médicale ». Nous déplorons que la seule spécialité qui n’est pas citée est la nôtre.
Cette définition des infirmiers spécialisés est réductrice. Ces deux discours à quelques jours d’intervalles sont révélateurs d’une vision erronée de notre spécialité. Nous devons avancer ensemble plutôt que d’opposer infirmiers, infirmiers spécialisés, pratique avancée, et surtout reconnaître les compétences professionnelles.
Le Défenseur des droits en 2017 puis la FHF en 2019 demandaient plus de professionnels spécialisés auprès de l’enfant, en particulier des IPDE. Reconnaissez enfin, à leur juste titre, nos compétences cliniques, techniques et relationnelles afin d’améliorer la qualité des soins apportés aux enfants.
Plus proche de nous, la crise sanitaire a révélé de manière criante l'importance de l'expertise et de la formation dans la gestion des situations complexes. Le rapport d’information « relatif à l’impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Coronavirus-Covid 19 » met en lumière les difficultés structurelles de personnels soignants. Selon le rapport, le déficit de personnels compétents « traduit les orientations des politiques de recrutement et de formation »*.
Un constat très largement exprimé depuis de nombreuses années par l’ensemble de la profession. Pour éviter de renouveler les erreurs du passé, il serait pertinent que certains l’entendent !
*Page 181 du « relatif à l’impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l’épidémie de Coronavirus-Covid 19 »
Brigitte Prévost – Meslet –
Présidente ANPDE
Sébastien Devillers – Aurasi Communication
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