"Je veux vous entendre !" Discours d'ouverture des 49èmes JNE, Peggy Alonso, Présidente de l'ANPDE
En 1517, François Ier ordonne la construction d'un havre de paix pour protéger Paris. Un havre de paix comme porte défensive de Paris. Ainsi naissait l'un des principaux ports de France, après Marseille où nous vous accueillerons l’an prochain pour les 50èmes JNE. 500 ans plus tard, que ce Havre de paix le soit pour protéger notre profession et une véritable porte défensive pour les générations futures !
Bonjour à toutes et à tous
et bienvenue au Havre !
Madame Besancenot, Madame Royer de la Bastie, Monsieur Trelcat, Monsieur Boyer, Monsieur Charcelay, Monsieur Delemar, c'est avec un immense plaisir que je vous accueille aux 49èmes Journées nationales d’étude de l'ANPDE.
Permettez-moi tout d'abord d'exprimer ma profonde reconnaissance envers toutes celles et ceux qui ont contribué à faire de cet événement une réussite. Le dévouement et l'engagement de chacun ont une fois de plus transformé les défis en victoires. Je veux ici saluer l'ensemble de l'équipe de l’ANPDE, dont la Dream Team JNE. Un travail de l’ombre qui mérite en cet instant d’être mis dans la lumière. Je ne peux tous les citer, mais je vous les présenterai demain. L’équipe est grande pour la défense de notre profession, aussi je tiens à y associer les forces vives que sont le CIP, le Collectif, le Syndicat, la SoRIP et le CEEPAME. Je tiens également à saluer et remercier nos précieux partenaires qui nous soutiennent par leur présence. Vous aurez l’occasion de les rencontrer tout au long de ces 3 jours.
Mais c'est à vous que je veux m’adresser, vous qui êtes présentes avec nous aujourd’hui. Ensemble, nous formons une équipe où chaque individualité façonne l’avenir. Chacun de nous apporte sa propre couleur, sa propre expérience, et sa passion pour créer un avenir meilleur pour les enfants. Ce sont les adultes de demain. Chaque action que nous entreprenons, chaque décision que nous prenons au quotidien, a un impact direct sur la vie et le développement des enfants. C'est une responsabilité que nous portons collectivement et qui nous unit dans notre mission commune. Nous sommes 22 000 infirmières puéricultrices à façonner l’avenir ; c’est une véritable force pour atteindre notre objectif commun.
Ensemble, nous avons la possibilité de voir plus grand, de voir plus haut.
Ensemble, continuons à cultiver cette flamme, à inspirer et à être inspirés.
Il y a un an, à Lille, j'ai eu l'honneur de prendre la présidence de l'ANPDE. À cette occasion, j'ai partagé avec vous mes convictions et ma vision pour notre profession. Aujourd’hui, et encore plus qu’hier, je suis profondément convaincue que notre réponse aux défis qui se dressent devant nous viendra de nous-mêmes, viendra du terrain, parce que les enfants méritent notre persévérance.
Face à l'instabilité politique que nous traversons, avec pas moins de sept ministres de la santé depuis 2017, je vous le garantis, la vérité viendra du terrain. Chaque action que nous menons, que vous menez auprès des enfants et de leurs familles sont des messages forts sur notre savoir-faire. Nous devons et vous devez le montrer et le revendiquer encore plus.
Je veux vous entendre !
Comment construire l’avenir quand on change de direction constamment ? Aujourd'hui, nous faisons le constat des choix politiques du passé qui impactent notre profession, comme celui d'enlever les puéricultrices des modes d'accueil, au détriment de la qualité de la prise en charge de nos enfants, des adultes de demain. Il est temps que nos voix soient entendues, que nous nous montrions plus présentes auprès des décideurs, que nous parlions plus fort pour défendre nos valeurs et nos missions.
Pour voir plus grand, pour voir plus haut, parlons plus fort…
et je veux vous entendre !
Les rapports se multiplient, les constats sont là, mais les actions concrètes tardent à venir. Dans un passé récent, depuis 2016 très exactement, 6 rapports ont été publiés. Tous formulent des constats alarmants, des constats que nous partageons bien évidemment, et surtout que nous dénonçons déjà depuis des années.
Mais on ne nous entend pas !
Alors, mesdames et messieurs les décideurs, du haut de vos ministères, changez de paradigme et faites place aux actions maintenant. Un changement nécessaire pour l’enfant d’aujourd’hui et l’adulte de demain. Nous devons exiger des actions tangibles, des changements réels qui répondent aux besoins de notre profession et à ceux des enfants. A quoi servent tous ces rapports si aucun véritable plan d’action n’est mis en place ? Servent-ils à caler les armoires bancales d’un ministère non moins bancal ?
A la lecture des conclusions des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant qui seront présentées la semaine prochaine, j’aurais envie d’être positive et enthousiaste pour les générations futures, parce que c’est pour elles que nous menons nos combats. Alors, évidemment, certains me diront que nombre des propositions, nous les demandons depuis des lustres, que, finalement, rien de nouveau sous le soleil et que, finalement, il n’y a de nouveau que ce qu’on a oublié ! Bon, évidemment, vous n’avez pas tout à fait tort. Dans ce rapport, j’y ai toutefois lu des choses importantes. Avant d’aborder ces choses importantes, j'aimerais revenir si vous me le permettez sur les messages que j’exprimais l’an dernier lors de mon discours d’ouverture : l’ANPDE, avec vous, se lançait le défi de travailler à la finalisation de la réingénierie de notre formation pour enfin envisager le Master et la pratique avancée, de favoriser l’installation libérale à travers une nomenclature d’actes, de travailler à la valorisation et la reconnaissance de notre profession, tout cela pour garantir quel que soit le lieu de vie
“1 enfant / une infirmière puéricultrice”.
Très sincèrement, nous y avons travaillé sans relâche, parce que ce sont nos convictions et le mieux pour les enfants. Alors oui, j’ai envie d’être enthousiaste parce que dans les conclusions de ces Assises, j’y ai lu une volonté de valoriser les compétences de chaque acteur du domaine médical et paramédical tout en optimisant le temps de chacun.
Alors, laissez-nous travailler !
C’est la clé d’un système de santé efficient, de cela j’en suis convaincue. Dans ces conclusions, j’y ai lu la volonté de renforcer la formation des IPDE en reconnaissant la spécificité de nos actes. Tiens, on n’y avait pas pensé…
Alors, faisons nous entendre
et ensemble, tous les acteurs de la santé et les politiques, nous devons participer à ce que cela devienne une réalité. Dans ces conclusions, j’y ai lu que les compétences des puéricultrices sont largement sous-utilisées dans le domaine ambulatoire, notamment en prévention et en éducation thérapeutique. Ainsi, la possibilité d'un exercice libéral pour les IPDE est envisagée, de même qu'un accès direct à l’exercice de ville dans le cadre d'un exercice coordonné. Enfin ! Dans ces conclusions, j’y ai lu une évolution de notre formation vers la reconnaissance de compétences en pratique avancée, notamment par le biais de l'universitarisation et de la masterisation. Dans ces conclusions, j’y ai lu une volonté de valoriser nos compétences, de reconnaître la spécificité de nos actes : une plus grande place pour les 22 000 infirmières puéricultrices dans tous les domaines d’exercice ! Bref, dans ces conclusions j’y ai lu de belles avancées pour notre profession et pour les enfants et leurs familles. Mais que restera-t-il des 23 tables rondes, 121 auditions, des plus de 300 personnes et associations professionnelles sollicitées et des 2000 contributions écrites ? Qu’en restera-t-il ?
Alors, je le dis haut et fort : il n’y a plus aucune armoire bancale au ministère. Ce rapport peut donc être utilisé.
Nous devons prendre ou reprendre la place qui est la nôtre.
Je veux vous entendre !
J’aimerai justement revenir sur la citation de James Freeman Clarke utilisée dans les conclusions des Assises de la pédiatrie. “La différence entre le politicien et l'homme d'Etat est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération.” Nous sommes faits pour nous entendre…
Alors, entendez-nous !
Enfin, et à quelques jours des Jeux Olympiques, nous avons souhaité faire la part belle aux sportifs et aux soignants que nous sommes. À travers cette thématique, nous souhaitons démontrer les valeurs communes qui nous animent : la persévérance, le dépassement de soi, et surtout, le souci du bien-être et de l'épanouissement des enfants que nous accompagnons au quotidien.
Ensemble, nous avons la possibilité de voir plus grand, de voir plus haut.
Parce que seule la victoire est belle !
Merci à tous.